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Logistique

Les perspectives de la Supply chain de demain : quelle cohérence ?

Plus de flexibilité, plus de rapidité, plus de visibilité… les évolutions technologiques fleurissent sur tous les maillons de la supply. Les solutions de planification tournent à plein régime pour fournir des prévisions toujours meilleures, les entrepôts supportent la montée du e-commerce en accélérant les cadences des petits colisages, les clients réceptionnent leur commande toujours plus vite, avec toujours plus de solutions, si possible grâce à un livreur en vélo électrique, avec un choix de produits toujours plus grand. Les moyens pour livrer et séduire le consommateur final sont toujours plus innovants.
Il y a déjà des livraisons en centre-ville avec des drones (pour certains transports d’urgence). Les camionnettes citadines seront-elles un jour remplacées par des nuées de drones sillonnant la ruche ?
Quelle cohérence dans les perspectives de la Supply chain de demain ?

Les perspectives de la Supply Chain

Ces perspectives – a priori réjouissantes pour les consommateurs – tendent tous les maillons de la chaine, déjà bien éprouvée depuis 2020.

Matières premières :

La crise sanitaire et ses directives contradictoires nous ont donné la leçon des limites de la globalisation. Les problèmes de fournisseurs à l’autre bout du globe se sont répercutés avec un effet coup de fouet cinglant. Ainsi, tout le monde a compris qu’il fallait revoir ce modèle et envisage de rapprocher ses fournisseurs, voire de les choisir sur le sol français, mais il n’est pas si simple de rediriger ses flux d’approvisionnements d’un claquement de doigts. Aujourd’hui, alors que nous vivons une période d’accalmie comparé aux dernières années, une nouvelle tempête s’annonce déjà.

Production :

Depuis l’été dernier, les industriels sont mis sous pression pour réduire considérablement leur consommation d’énergie et d’eau. Laquelle d’entre elles n’avait pas déjà poussé ses équipes à optimiser ses ressources, comme tout bon gestionnaire se doit ? Qui peut se targuer d’avoir piloté son entreprise sans avoir le souci de l’économie et de l’argent bien dépensé ? Il n’empêche, le prix annuel moyen du Mwh d’électricité a augmenté de 45% en 2022…

Logisticiens :

Les annonces et initiatives pour une logistique toujours plus propre n’ont jamais été aussi fortes. Les grandes entreprises généralisent leur bilan carbone et demandent à leurs 3PL de trouver des solutions moins polluantes. On ne parle plus que de véhicules électriques pour les livraisons urbaines, ou comme le propose Viapost, des camions roulant au gaz naturel liquéfié, et qui permet de parcourir 1 400km avec un seul plein.

Points de vente :

Il fut une période où les petits marchés de proximité ont souffert des grands centres commerciaux. Désormaius, c’est au tour de ces derniers de revoir complètement leurs modèles. En effet, le e-commerce gagne des parts de marché avec des projections de 20% du commerce de détail en 2030. Le maillage des points de vente et leur fonction sont donc à repenser. Seront-ils demain des points avancés de stockage ou des vitrines pour le e-commerce ?

Tous ces constats sur la chaîne globale logistique doivent nous questionner sur la stabilité du système. Par ailleurs, ils devraient probablement nous amener à repenser quelques pratiques qui, si elles évoluaient, génèreraient des améliorations en cascade.

Le délai : un dénominateur commun ?

Ce ne sont pas les initiatives qui manquent, et les consommateurs sont en tête des changements de comportements : on veut plus de produits biologiques, et consommer des produits locaux. Les consommateurs achètent un peu moins, réparent les objets, entretiennent les vêtements, recyclent, prêtent ou louent.

Mais peut-être que dans toute cette équation qui détermine le niveau de tension de la chaîne d’approvisionnement, on ne prend pas encore assez en compte un facteur majeur : le délai.

Nous ne sommes pas sûrs que tous les biens de consommation méritent une promesse de livraison en 24h ou moins. Certes, les géants du e-commerce doivent leur succès de fait de la vitesse et de l’étendue de leur catalogue, mais pour peu que les consommateurs (nous) prennent un peu de recul, on pourrait attendre 4 ou 5 jours avant que notre commande arrive à son domicile, car c’est pour [un anniversaire / un renouvellement de garde-robe / une randonnée] que nous avons préparé à l’avance ?

Ainsi, les distributeurs ne craindraient plus de perdre de parts de marché, et afficheraient des délais de livraison plus longs, un catalogue de produits un peu plus réduit, et peut-être pas toujours en stock…

Les industriels auraient plus de temps pour optimiser leurs plans de production et minimiser les temps de changement. Ils verraient leur productivité maximisée et les coûts énergétiques pondérés.

En conclusion

Il y a quelques temps, nous nous entretenions avec la VP excellence opérationnelle et durabilité d’un grand groupe logistique à ce sujet. Elle promouvait l’idée de rallonger les délais en contrepartie d’une meilleure gestion. Pour la première fois, nous entendions parler de « Slow Supply Chain ». Cette Supply Chain moins réactive, mais pas moins agile, est de plus un élément essentiel pour atteindre les objectifs de transformation liés aux contraintes environnementales.

Voilà peut-être le chaînon manquant, qui pourrait donner un peu de souplesse à la chaîne globale et ainsi améliorer les perspectives de la Supply Chain de demain.

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Olivier
Directeur