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Traçabilité versus connaissance de sa supply chain amont

Ces dernières années, les consommateurs sont de plus en plus exigeants concernant les produits qu’ils consomment. Echaudés par les scandales de certaines industries, cela se traduit notamment par une recherche d’une plus grande transparence. La réglementation, elle aussi, oblige à connaître sa Supply Chain amont et demande de plus en plus de la maîtriser. Les entreprises en deviennent responsables. Pour elles, cela implique donc de mettre en place une meilleure traçabilité. Mais que se cache-t-il derrière ce terme ?

La Traçabilité, qu’est-ce que c’est ? 

Selon Le Robert, la Traçabilité se définit par la possibilité d’identifier l’origine et de reconstituer le parcours d’un produit, de la production à la distribution. Le principe paraît simple : on souhaite connaître son fournisseur, les fournisseurs de celui-ci, leurs fournisseurs à eux, et ainsi de suite jusqu’au champ, mine ou autre. 

Connaître sa chaîne d’approvisionnement

Afin de pouvoir obtenir ces informations, on peut chercher à cartographier sa chaîne d’approvisionnement. Certains outils existent, comme Transparency One ou Sourcemap, et permettent de recenser ses fournisseurs de rang N. Ils se basent généralement sur des déclarations de chacun des maillons de la chaîne. Ils restent donc limités à la bonne volonté et à l’honnêteté des fournisseurs. 

Il peut être très intéressant de connaître cette chaîne amont, pour diverses raisons.
Tout d’abord, pour des raisons de promesse client. S’assurer que tous les rangs de fournisseurs sont bien présents sur notre territoire national permet par exemple de proposer un produit à X% français. Certains consommateurs sont très intéressés par ces informations, notamment pour les produits alimentaires. 

Ensuite, pour des raisons écologiques et/ou éthiques. Il serait fâcheux pour son image de marque de se retrouver associé à des camps de travailleurs forcés, par exemple. Connaître sa supply chain amont permet de mieux maîtriser ce risque, puisque cela permettrait de prêter une attention particulière à des fournisseurs sensibles. 

Enfin, pour limiter le risque de rupture et gagner en réactivité. Catastrophes naturelles, conflits… Nous déplorons malheureusement régulièrement des événements mettant à mal l’équilibre de certaines régions du globe. Connaître sa supply chain amont permet de pouvoir anticiper certaines ruptures et de trouver des alternatives. Par exemple, si un de mes produits est composé d’un dérivé d’une plante cultivée dans une région ayant subi de graves incendies, il y a tout intérêt à trouver rapidement une alternative !

Comme vous pouvez le constater, connaître sa supply chain amont est donc très intéressant et utile à bien des égards. Cependant, il ne s’agit pas de traçabilité. 

La traçabilité, pour de vrai cette fois

Comme nous l’avons vu précédemment, la traçabilité consiste à re constituer le parcours d’un produit. Mais dans nos exemples précédents, comment gère-t-on les origines multiples ? Les changements d’origine en fonction d’une saisonnalité ? Ou tout simplement, un changement de la chaine à un maillon lointain, qui n’est pas instantanément modifié ? Si tant est que ledit maillon pense à communiquer cette modification…

Nous soulignons ici que si connaître sa supply chain amont est une arme puissante, elle ne correspond pas exactement à la traçabilité. En effet, la traçabilité présente une vision réelle, à posteriori, quand la connaissance de sa supply chain propose une vision théorique, a priori. 

Pour chacun des maillons, la traçabilité se fait souvent en fonction d’un numéro de lot. Les produits sont fabriqués ensemble et présentent donc des caractéristiques communes. Cela permet de les regrouper et d’historiser un ensemble d’informations propres à ce lot : lieu, origine, date, caractéristiques, personnes étant intervenues, etc. Mais ces informations restent souvent cantonnées au niveau de l’entreprise dont elles sont issues. Mettre en place une traçabilité de ses approvisionnements demande aux fournisseurs de partager certaines de ces informations de manière à ce qu’elles se propagent à travers la chaine. La traçabilité permet donc d’avoir de la visibilité de l’origine au produit, et non pas du produit vers l’origine. 

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le faire, nous vous invitons à consulter notre article 7 enjeux autour de la traçabilité afin de comprendre les intérêts de cette démarche.

Enfin, en plus des outils de traçabilité utilisés pour suivre ces informations, on a parfois également recours à la technologie de la blockchain. Cela permet alors de les garantir et de les certifier, valorisant ainsi le travail effectué en amont. C’est par exemple le choix fait par Carrefour sur certaines de ses filières qualité, ou de Clarins sur certains de ses cosmétiques. Ils capitalisent d’ailleurs sur cette technologie pour proposer au consommateur un QR code permettant d’accéder à un ensemble d’information sur l’article.

En conclusion…

Vous l’aurez compris, la traçabilité de sa chaîne d’approvisionnement n’est pas la même chose que sa connaissance. Toutes deux complémentaires, elles viennent répondre à des enjeux différents, et nécessitent des outils dédiés. Selon les ambitions que l’on se donne sur le sujet, son secteur d’activité et la demande de ses consommateurs, y avoir recours est un réel atout différenciant, quand ce n’est pas une obligation légale. Et vous, qu’avez-vous mis en place ? 
N’hésitez pas à nous partager vos sujets de traçabilité et à lancer la discussion autour des outils que vous pourriez mettre en place !

Sixtine
Consultante senior