Attractivité des métiers de la logistique : quels leviers ?
Le constat est aujourd’hui unanimement partagé par tous les professionnels : les métiers de la logistique souffrent d’une mauvaise réputation et n’arrivent pas à recruter et à fidéliser. L’état de fait touche tous les secteurs d’activité (alimentaire, non alimentaire, spécialisé, distribution et industrie…) et toutes les zones géographiques. C’est donc bien la logistique qui peine à attirer. Au-delà du « simple » aspect de la rémunération, nous explorerons ici 4 leviers d’amélioration pour relancer cette attractivité et redonner un peu de noblesse à des métiers trop souvent mis en arrière-plan alors que tellement essentiels pour tous les rouages de la vie moderne.
Digitalisation et Innovation Technologique :
Ce n’est pas un secret, les métiers opérationnels de la logistique sont souvent répétitifs et entraînent une pénibilité. La répétition des gestes (ramasse, picking, dépose…) conjuguée avec la manutention de produits parfois lourds et volumineux, sans oublier certains changements de températures parfois extrêmes (passer de -18 degrés à + 30 degrés lors des périodes de forte chaleur dans les entrepôts surgelés) sont autant de sources de fatigue que de baisse de motivation.
Pour autant, même si les innovations technologiques ne sont pas la panacée, elles restent un pilier fort de l’attractivité.
Parmi ces innovations on présentera bien évidemment la mise en place d’outils IT (on parlera plus de digitalisation que de véritable innovation) désormais standards pour optimiser les parcours en entrepôt (WMS) couplés à des solutions hardware qui se modernisent (vocale, bagues…).
Plus avant-gardistes, des solutions de type exosquelette réduisent la pénibilité mais pas la répétition et restent aujourd’hui marginales. Souvent utilisant des solutions simples comme des vérins, elles ne s’adaptent qu’à des cas d’usage spécifiques et bien délimités. De plus, elles peuvent cristalliser une vision futuriste et techno-solutionniste décriée (en témoignent les débats en pleine réforme des retraites sur leur utilisation).
C’est aujourd’hui l’automatisation qui tient la dragée haute côté technologique. Elle permet notamment de limiter les opérations manuelles répétitives pour le concentrer vers un travail de supervision des installations. Le métier change et devient plus analytique, moins manuel.
Ces nombreuses améliorations contribuent à l’amélioration des conditions de travail. Mais elles ne pallient pas l’ensemble des contraintes de tous les secteurs. Un opérateur ne pourra pas se projeter longtemps dans ces tâches sans un accompagnement personnalisé qui dépasse ce cadre. C’est le rôle de la formation.
Formation Continue et Évolution des Compétences
La formation et l’évolution des compétences permettent de donner un véritable avantage sur le marché concurrentiel. Mettre en place des solutions et innovations c’est bien, former correctement ses équipes aux enjeux et donner du sens et de la visibilité c’est mieux. On pourrait ainsi distinguer 2 axes :
- La formation aux outils et solutions : comment se projeter dans une utilisation efficace
- La projection professionnelle : quelles sont les options d’évolution de carrière
Le premier axe est fréquemment porté par des projets de transformation dans le cadre de la conduite du changement. Le second est beaucoup plus inhérent à l’entreprise et sa culture. Nous nous concentrerons donc sur le deuxième.
Les métiers de la logistique résonnent encore trop souvent avec des perspectives d’évolution limitées. Pourtant les possibilités sont multiples. La mise en place d’un programme de formation personnalisée pour les employés permet de faire progresser la carrière et de s’adapter aux évolutions constantes du secteur. Ce programme peut par exemple être axé sur les compétences numériques et la gestion de projets. La logistique est en constante évolution. Et de ce fait, un terreau riche pour qui cherche à se former en continue !
L’exemple culturel de la Scandinavie est intéressant. Une partie importante de l’effort de formation y est consacré à permettre des évolutions de carrière à partir de postes peu qualifiés. Mais on retrouve des éléments étatiques en plus de l’effort des entreprises.
Culture d’Entreprise Inclusive et Reconnaissance
Pour rayonner et faire briller, rien de tel qu’une culture d’entreprise forte qui met en valeur ses employés et leurs parcours inspirants. C’est le cas chez FM Logistic qui place la diversité et l’inclusion au centre, notamment, de sa politique de recrutement.
Si cette notion dépasse largement le cadre des métiers de la logistique, elle doit s’inscrire dans une orientation stratégique de l’entreprise qui doit réfléchir en termes d’image de marque. C’est notamment en s’inspirant et en communiquant autour des réussites de leurs employés (préalablement formés grâce au plan de formation cité précédemment CQFD) que le rayonnement d’une entreprise se construit.
Aujourd’hui on ne présente plus la culture Decathlon, modèle de progression et d’attachement à la qualité de vie au travail. Plus les employés développent un sentiment d’appartenance fort, plus cela attire les candidats qui valorisent une culture positive et stimulante. L’exemple même d’un cercle vertueux.
Durabilité et Responsabilité Sociale
La transition avec le vertueux est toute trouvée. S’il est une dimension aujourd’hui indissociable des choix de carrière, il s’agit de la dimension durable et sociable (parfois vulgarisée sous l’acronyme RSE). Les préoccupations environnementales sont devenues primordiales, notamment pour les jeunes générations. Les entreprises qui intègrent la durabilité dans leurs pratiques logistiques renforcent leur attrait.
D’autant plus qu’aujourd’hui, les possibilités d’action en logistique sont nombreuses. Côté transport avec l’électrification des flottes ou la réduction des kilomètres lors des tournées. Côté entrepôt, les actions engagées sur les économies d’énergie (même si récemment liées au contexte inflationniste) et les solutions de production dites durables comme la mise en place de panneaux solaires fleurissent.
Néanmoins, l’équilibre est fin et le ton difficile à trouver pour ne pas verser dans le greenwashing. En témoigne l’exemple récent de la fin de ticket de caisse annoncé en grandes pompes. Quel impact réel à côté de modèles encore très engagés dans la course à la consommation ? Quid du fameux bouchon attaché vs le plastique des bouteilles ? Si les candidats et employés sont sensibles aux discours engagés, ils seront d’autant plus vigilants quant à leur réelle portée et à la cohérence du message.
L’équation n’est pas simple. Des orientations stratégiques plus profondes commencent à émerger, plus en accord avec des principes de sobriété. Un des derniers exemples en date est Decathlon qui à contre-courant (ou avant-gardiste) réduit la surface de ses espaces de vente.
En conclusion
Ainsi, la transformation des métiers de la logistique ne relève pas de la simple modernisation, mais d’une refonte complète de la perception et de l’expérience. En actionnant ces leviers, digitalisation et innovation, formation, culture d’entreprise, durabilité et responsabilité sociale, les entreprises françaises peuvent élever les métiers logistiques à de nouveaux sommets d’attraction. Des exemples concrets illustrent que ces leviers sont non seulement réalisables, mais qu’ils peuvent également ouvrir la voie à une nouvelle ère où les métiers de la logistique seront reconnus et recherchés par les talents de demain. Mais ce changement ne sera pas immédiat et demande une réelle planification sur le long terme pour porter les fruits à leur maturité.
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