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Retail

Réduire le gaspillage alimentaire en optimisant sa Supply Chain  

Dans un rapport publié par la Food and Agriculture Organization des Nations Unies, un tiers de la production alimentaire est perdue chaque année quand près d’un milliard de personnes souffrent encore de la faim dans le monde. Les denrées alimentaires sont principalement gaspillées avant l’achat par le consommateur (qui lui-même est responsable d’un tiers de ces pertes). Toute la chaîne de production et de distribution est donc concernée. 

En plus d’être un problème humain et sociétal, les pertes affectent considérablement la rentabilité des entreprises. Une étude a récemment calculé que sur les 1 200 milliards de $ gaspillés chaque année sur l’alimentaire, 700 milliards peuvent être optimisés. Sur ces 700 milliards, 270 milliards sont directement liés à la Supply Chain, soit plus de 20%. 

Focus sur l’évolution des réglementations 

Le sujet du gaspillage alimentaire est pris en main par l’exécutif de nombreux pays. La loi Garot (2016) interdit la destruction de denrées encore consommables. La loi AGEC (2020) vient renforcer cette position en imposant des mesures visant à baisser le gaspillage alimentaire. Parmi les mesures, nous pouvons différencier 2 catégories principales. Les mesures restrictives vont obliger les entreprises à s’adapter et à réduire leur gaspillage. Par exemple, les secteurs de la distribution alimentaire et de la restauration collective (supermarchés, cantines…) devront le réduire de 50 % par rapport au niveau de 2015 et cela d’ici 2025. 

D’un autre côté, les mesures incitatives contribuent également à l’évolution des comportements et modes de fonctionnement. On pourra noter les incitations fiscales au don de stocks avant péremption ou la création d’un label « anti-gaspillage alimentaire » pour valoriser les bons élèves. 

Si la Supply Chain est un levier majeur, on note 2 grandes typologies de problématiques . Les problématiques amont, centrées sur les producteurs et les industriels et les problématiques aval, centrées sur la distribution. 

Le gaspillage alimentaire dans la Supply Chain amont 

Améliorer les prévisions

L’amélioration des prévisions permet d’augmenter la qualité du pilotage de la Supply Chain. Une amélioration qui peut être à deux niveaux : à un niveau S&OP (Sales and Operations Planning), qui permet de dimensionner au mieux les outils de production et les flux entrants pour éviter d’avoir des pertes. Et également à un niveau MRP (Material Requirements Planning), qui permet d’éviter les surstocks et donc les destructions.  

Mieux gérer les stocks

L’optimisation des stocks de sécurité permet de mieux réguler et gérer son stock en flux tiré comme en flux poussé. Tout l’équilibre se joue alors entre le taux de service minimum et la quantité gaspillée maximum.  

Accepter la rupture

Baisser son stock de sécurité, notamment sur les produits à forte erraticité, engendre une hausse des ruptures. Il faut donc accepter d’en avoir et habituer le consommateur à avoir un taux de service plus bas sur l’ensemble des références. La définition d’une offre claire et lisible par tous est alors nécessaire.  

Renforcer la collaboration

La collaboration sur l’ensemble de la chaîne est une piste d’amélioration significative. En effet, une des principales problématiques des chaînes agroalimentaires est l’équilibre en production en flux poussé et consommation en flux tiré. Si la chaîne d’approvisionnement est trop cloisonnée et que les services/entreprises ne coopèrent pas entre eux, cela peut freiner la productivité et la réactivité. Il existe plusieurs leviers sur lesquels on peut agir pour améliorer la collaboration entre fournisseurs et distributeurs. Par exemple les responsabiliser sur le gaspillage lié à leurs propres prévisions, réviser les contrats date pour avoir le temps d’écouler les produits en magasin, et enfin, re-négocier les minima de commande et PCB/conditionnements inadaptés. 

Revoir les moyens de production pour augmenter la DLC

La DLC (Date Limite de Consommation) est la date après laquelle la consommation d’un produit devient dangereuse pour la santé. Elle est obligatoire et apparaît sur les produits alimentaires périssables et emballés.  Il est possible de faire évoluer la DLC à la hausse en revoyant la conception des produits ou les moyens de production. En effet, les chaînes de production modernes permettent de produire dans des normes sanitaires supérieures. Les éléments bactériologiques, qui sont un des facteurs principaux dans la définition de la DLC, peuvent se voir considérablement réduits. Il est donc possible d’augmenter la DLC avec ces chaînes.  

Valoriser les produits invendus

Lorsqu’un industriel fait face à un surplus de stock et qu’il n’arrive pas à l’écouler, plusieurs solutions s’offrent à lui pour valoriser ses invendus. La première solution est d’investir dans un laboratoire de transformation des fruits et légumes ou d’adhérer à un atelier collectif de transformation. Cela permet de diversifier sa production et d’écouler ses fruits et légumes ne pouvant être destinés à la vente.  La deuxième solution est de revendre son stock à prix réduit à des enseignes spécialisées. Cela permet de sauver sa marge mais reste la solution la moins avantageuse économiquement.  Cela vaut également pour les produits alimentaires non conformes aux normes pour des raisons de packaging, changements de recettes, calibre…  

Le gaspillage alimentaire dans la Supply Chain aval 

Valoriser les produits à DLC courtes

Afin de valoriser les produits à DLC courtes, il faut mettre en place des actions sur le lieu de vente qui favorisent l’écoulement. Par exemple en proposant des mises en avant et/ou des prix réduits en anticipé par rapport à la DLC. Lorsque le distributeur ne dispose pas d’assez de temps ou de moyens pour écouler ses DLC courtes, il peut valoriser ses invendus grâce au don. Cette solution est économiquement avantageuse car une partie peut être défiscalisée.  

Une autre solution est l’activation de partenariats avec des acteurs spécialisés dans les problématiques de gaspillage. On peut citer Too Good To Go ou Phénix qui revalorisent les invendus et évitent qu’ils ne deviennent des pertes.   

Limiter les promotions sur les produits frais pour ne pas déstabiliser la chaîne

Les promotions influent  le comportement des consommateurs et peuvent entrainer une augmentation du gaspillage alimentaire post-achat suite à une surconsommation. Il est donc important, afin de limiter ces comportements, de sensibiliser les consommateurs. C’est ce que prévoit la loi AGEC avec un ensemble de mesures destinées à sensibiliser ou mieux informer le consommateur et lui donner les moyens d’adopter une attitude plus responsable vis-à-vis de sa consommation.  

Former et sensibiliser le personnel en point de vente

De nombreuses pertes sont liées aux gestes métiers, il est important de former les équipes pour limiter les risques liés à une mauvaise manipulation du produit ou à une rupture de la chaîne du froid.  

Optimiser les niveaux de stocks en point de vente et développer la substitution

Comme mentionné précédemment, optimiser son stock de sécurité permet de lutter contre le gaspillage alimentaire en évitant le risque de surstockage des produits périssables. Cependant, baisser les stocks de sécurité, notamment sur les produits à forte erraticité, engendre des ruptures. Il faut donc accepter d’en avoir. Développer l’offre de substitution de certains produits peut également être une solution complémentaire.  

Utiliser les nouveaux outils digitaux

De multiples solutions digitales sont disponibles pour améliorer la traçabilité des produits en magasins. C’est le cas de Codabene, entreprise de la FoodTech et de l’ESS, qui accompagne les distributeurs dans la digitalisation de leurs données afin de réduire le gaspillage alimentaire à l’aide d’une application développée pour aider à la gestion des DLC en magasins.   

Et maintenant ? 

D’autres possibilités sont également prometteuses. On pensera par exemple au développement des circuits courts et de la circularité. Les exemples et initiatives actuelles sont nombreuses et devront continuer à se développer. Et vous, que faites-vous pour réduire le gaspillage alimentaire ? 

Si vous êtes intéressé par les sujets liés à la supply chain, vous pouvez retrouver nos articles dédiés sur le site !

*Liens : Lutte contre le gaspillage alimentaire, Nouveau label national décerné dans la lutte contre le gaspillage alimentaire

Eva
Consultante confirmée