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Supply Chain

Quel est l’impact du Quick Commerce sur votre Supply Chain ?

Le déploiement du Quick Commerce a été accéléré significativement par la crise sanitaire et les confinements successifs, au même titre d’ailleurs que l’ensemble des activités liées au e-commerce. Ce développement est exponentiel ; la levée de 809 millions d’euros de la licorne allemande Gorillas en septembre dernier démontre bien que la course à l’échelle est lancée. 

Nous avions abordé dans un précédent article les limites de la course à la réduction des temps de livraison, conséquence directe de la mise en place d’un modèle Quick Commerce. Nous apportons aujourd’hui quelques éléments de réponse à la question suivante : quels peuvent être les impacts du Quick Commerce sur votre Supply Chain ? 

Pour quoi, pour qui ? 

L’intégration du Quick Commerce a plusieurs prérequis, parmi lesquels : un maillage urbain très fin, des systèmes IT performants et rapides, une typologie de logistique particulière à adapter aux usages et à la place disponible pour les opérations (mécanisations par exemple). Tout ceci permet de supporter le fonctionnement spécifique de ce mode de livraison. On identifie donc 3 conséquences à ces éléments : 

  • La typologie de produits éligibles à une livraison dans des délais très courts est évidemment à adapter. L’idéal est un produit cher, margé, faiblement encombrant et peu lourd : il vaut mieux donc livrer du caviar que de la laine de verre, des téléphones que des packs d’eau. 
  • La cible visée doit être dans des zones urbaines, à portée efficace des dark stores qui constituent l’ossature de l’ensemble de cette Supply Chain 
  • Les clients doivent être « hyper connectés ». Compte-tenu des délais promis et des modes de consommation, les outils IT front doivent être fluides et disponibles sur mobile 

Ceci pose donc la question essentielle et primordiale avant de se lancer dans le Quick Commerce pour tout ou partie de votre activité : quelle est ma promesse client ? Cette définition doit amener à se poser la question de l’assortiment, du délai, de l’expérience client, des cibles et de l’avantage concurrentiel que cela peut donner. 

Quel équilibre économique ? 

C’est souvent quand on regarde les coûts que les problèmes arrivent dans la livraison rapide : c’est extrêmement coûteux. Nous estimons que le coût d’une livraison rapide est 3 fois supérieur à celui d’une livraison standard. Ouille ! 

Plusieurs clés existent pour vous réconcilier avec votre directeur financier : comme évoqué précédemment, travailler votre assortiment pour favoriser des produits fortement margés et peu coûteux à livrer, augmenter vos prix, refacturer le coût de la livraison aux clients. Evidemment, dans cette activité, encore plus qu’ailleurs, l’augmentation des volumes effondre les prix. Cela permet de mieux utiliser les capacités de stockage et de mutualiser les capacités de livraison. Ce point seul permettrait de ramener le surcoût de x3 à +50%. 

Dernière piste, qui doit être réfléchie dans une stratégie globale : créer un système d’abonnement pour vos clients. En plus de générer un chiffre d’affaires additionnel récurrent, les abonnements permettent d’augmenter le nombre de commandes et le panier moyen, on gagne ainsi sur tous les plans. A titre de comparaison, un abonné Prime commande plus de 2 fois plus qu’un non abonné. De quoi compenser l’incitation offerte aux abonnés, telle que la livraison gratuite, une remise à chaque commande ou des promotions exclusives. 

Comment l’intégrer ? 

La question est importante et nécessite de répondre à une autre question préalable : internaliser, externaliser ou collaborer ? Cela fait autant de scénarios qui créent des modèles différents. L’intégration change dans chacun des cas. 

N’oubliez pas cependant d’identifier de potentiels effets de cannibalisation sur vos activités standards dans le cas où vous adopteriez un modèle mixte mêlant Quick Commerce sur certaines gammes / géographies et d’autres canaux. 

Un simple effet de mode ? 

Tout l’argent levé et les solutions qui se créent toutes les semaines incitent à un peu de prudence. D’une part, ce modèle très inspiré de ce qu’il se passe outre-Atlantique se heurte à un obstacle majeur : les villes européennes ne sont pas les mêmes que les villes US. Le foncier au centre-ville est plus rare, plus coûteux et la circulation souvent bien plus difficile.  

On ne peut pas non plus s’empêcher de faire un parallèle avec les services de trottinettes et vélos en libre-service qui avaient pullulé avant de disparaître pour la plupart et de ne laisser que les survivants, avec des tailles bien plus raisonnables qu’initialement dimensionnées.  

Risque de courir après des chimères, équilibre économique complexe, investissements importants : cela peut évidemment effrayer. Cependant, il nous semble important de dépasser ces craintes légitimes et de creuser pragmatiquement si et comment implémenter efficacement des services de livraison très courts. Et ce, notamment, afin de se distinguer des concurrents et de suivre les habitudes de consommation nouvelles.  

Jérôme
Senior Manager