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Transport

Comment contrer durablement l’augmentation du coût des carburants sur son activité transport ?

Vous l’aurez certainement remarqué si vous possédez une voiture : les prix des carburants n’ont de cesse d’augmenter, tirés par le prix du baril de pétrole qui approche les 100$. Cette semaine encore, les prix à la pompe ont battu des records : le 11 février, d’après ecologie.gouv.fr, les prix du litre de Gazole, de Sans-Plomb 95-E10 et 98 s’élevaient respectivement à 1,6995€, 1,7491€ et 1,8366€ en moyenne.

Dans un tel contexte, et malgré les mesures récemment mises en place par le Gouvernement – telles que le relèvement de 10% du barème kilométrique, annoncé par Jean Castex le 25 janvier –, il est indispensable pour les entreprises de mettre en place ou d’affiner leur stratégie transport, afin de limiter l’impact de cette activité sur leurs marges.

Les coûts de transport n’ont pas fini d’augmenter

Si le prix croissant du carburant est une source de préoccupation majeure pour les transporteurs, elle est loin d’être la seule. Si l’on s’intéresse aux seuls TRM – Transport Routier de Marchandise – d’autres centres de coûts en lien avec la circulation des poids lourds ont fortement augmenté ces dernières années. On peut notamment citer les péages, dont les tarifs sont réajustés chaque année au 1er février, selon les contrats de concession signés entre l’Etat et les exploitants du réseau autoroutier. En 2022, cette augmentation s’élève en moyenne à 2% sur l’ensemble du territoire français, soit une des plus fortes hausses constatées sur ces 10 dernières années.

Les coûts d’entretien et de réparation des véhicules ont également augmenté : +4,2% sur l’année 2021 uniquement. Certains équipements ont subi les répercussions de la crise des matières premières : c’est notamment le cas des pneumatiques, du fait de la hausse du cours du caoutchouc naturel et synthétique courant 2021.

Sur le plan environnemental, les transporteurs français doivent se conformer à l’évolution de la norme Euro, mise en place par l’Union Européenne en 1988 pour les véhicules lourds, afin de limiter les émissions de polluants. Ceci implique un renouvellement progressif du parc.

Au-delà de ces aspects matériels, environnementaux et énergétiques, les transporteurs doivent également faire face à des défis en matière de ressources humaines, pour contrer la vague de pénurie de chauffeurs, induite par le manque d’attractivité de la profession et l’arrivée en retraite de la génération des baby-boomers. Les rémunérations s’envolent, entrainant mécaniquement une augmentation des prix du transport.

Pour toutes ces raisons, la stratégie de l’activité transport, son dimensionnement tactique et son application opérationnelle doivent être au cœur des réflexions des retailers.

Quelques pistes pour mieux gérer ses coûts de transport

Cette actualité doit retentir comme une alarme auprès des retailers qui n’ont pas encore (assez) travaillé leur stratégie de décarbonation. L’évolution de la technologie nous donne l’opportunité de réduire notre dépendance au cours du pétrole : par exemple, afin de réduire cette dépendance, Carrefour comptera 1 200 camions bio méthane en circulation d’ici fin 2022.

Mais avant de s’intéresser à l’innovation, afin de maîtriser ses coûts de transport, il est essentiel de commencer par avoir une conception structurée de son réseau de distribution. On cherchera ici à trouver le juste équilibre entre le niveau de service attendu et les coûts sur l’ensemble de la chaîne de distribution. La stratégie transport permettra notamment d’orienter les choix de modes de transport en fonction des possibilités et des enjeux business des distributeurs. Sur le plan tactique, au même titre que le dimensionnement des équipes internes et intérimaires en logistique, les distributeurs pourront s’appuyer sur des outils de simulation afin de dimensionner au mieux leur flotte : il s’agira de trouver le bon équilibre entre les moyens à disposer en propre ou sur des contrats dédiés à l’activité, et l’affrètement spot. Les résultats seront les données d’entrée au processus de contractualisation et à la mise en place de partenariats.

Pour rappel, l’optimisation des schémas de distribution au quotidien a pour objectif de trouver l’optimum, en matière de coûts, pour distribuer 100% du besoin en respectant différentes contraintes : horaires et délais de livraison, capacité des moyens de transport, distances parcourues, temps de déplacement, etc. Si certains TMS proposent cette fonctionnalité de manière intégrée, les meilleurs sont bien souvent des outils indépendants, interfacés aux TMS. Au sein du périmètre d’application des optimiseurs, on pourra retrouver des problématiques contemporaines, telles que l’intégration des flux amont aux flux aval, la planification de la reverse, la projection d’une activité multi-entrepôts, multi-jours, multi-températures… afin de chercher à réduire des chiffres marquants, connus de la profession : aujourd’hui, on estime que 50% des camions roulent avec un chargement incomplet et que 25% des segments sont réalisés à vide.

Cependant, il est également important de préciser que la réduction des coûts de transport ne repose pas seulement sur les épaules de la division transport des entreprises, mais doit être réfléchie plus largement, notamment par des actions de densification logistique – conception de palettes, gerbage pour citer des exemples –, voire de conception des produits transportés, afin d’en limiter le poids. Il est également possible de revoir l’ensemble du packaging, ce qui va, par ailleurs, dans le sens d’une démarche RSE d’écoconception.

Enfin, l’optimisation du transport peut être réalisée au-delà des frontières de sa propre entreprise : des plateformes de transport collaboratif telles que ChronoTruck, Everoad ou FretLink permettent de mettre à disposition ou de chercher des capacités non utilisées. Cela nécessite néanmoins une certaine maturité organisationnelle, et d’accepter de lever certaines contraintes – comme l’élargissement des créneaux de livraison, permettant des détours – pour le bien commun.

Pour conclure

Les entreprises ont de multiples raisons de gérer leurs coûts de transport, la plus marquante d’entre elles étant l’explosion des prix du carburant. Aujourd’hui, il est dans l’intérêt des entreprises de maitriser durablement leurs coûts, faisant de l’activité transport un véritable levier de performance business et économique. Celle-ci doit, plus que jamais, être organisée, dimensionnée et outillée afin d’opérer aux meilleurs coûts. En procédant de la sorte, les entreprises répondront par ailleurs aux enjeux environnementaux, réduisant mécaniquement leurs émissions de gaz à effet de serre.

Patrick
Associé