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L’ACV, mesure de la performance environnementale des produits

52% des entreprises considèrent que pour être pérennes, il est très important d’intégrer le changement climatique dans leur stratégie de développement. (Enquête Business for Social Responsibility). Une transformation durable représenterait une opportunité commerciale de 12 000Mds€/an d’ici 2030. Ce montant se calcule à partir des 17 objectifs de développement durable adoptés au sommet des Nations Unies de 2015. (D’après le Business & Sustainable Development Commission). Pour tenir la promesse d’une transformation durable, les entreprises doivent se doter d’outils performants, fiables, intégrés aux processus et applicatifs. Les outils d’ACV en sont un exemple.

Qu’est-ce que l’ACV ?

L’ACV (Analyse Cycle de Vie) est une évaluation de l’impact environnemental d’un produit tout le long de son cycle de vie : de l’extraction et la transformation des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit fini, en tenant compte du transport, de la fabrication et de l’utilisation. Cette évaluation est multi-indicateurs, c’est-à-dire qu’elle englobe de nombreux critères d’évaluation : impact carbone, épuisement des ressources, toxicité humaine etc.

Un des premiers cas d’application de l’ACV date de 1969. Coca-Cola cherchait alors à identifier le choix de conception le plus vertueux pour leurs packagings. Depuis, l’ACV a été formalisée et normalisée par l’ISO 14040 et 14044. S’il n’existe pas à date de réglementation autour de l’ACV, la Commission Européenne a toutefois publié une méthodologie : Product Environmental Footprint. Elle définit 16 indicateurs et les pondérations permettant de les agréger en un score unique ACV. Parmi ces indicateurs, on compte le changement climatique exprimé en kg CO2 eq, ou encore l’acidification terrestre et de l’eau douce exprimée en mol H+ eq.

Concrètement un score ACV est exprimé en point, où un point représente l’impact environnemental annuel moyen d’un citoyen du monde. Par exemple, 1kg de carton produit en Europe vaut 4-5 point (Bases de données officielles Ecoinvent).

Quelle place pour l’ACV dans la vision RSE des entreprises

Une aide opérationnelle au quotidien

Faut-il remplacer les packagings en plastique par du verre ? Est-il plus vertueux d’utiliser de l’aluminium recyclé provenant de Chine ou de l’aluminium français non recyclé ? L’ACV permet de répondre à ces questions de manière factuelle. En somme, les choix d’éco-conception sont justifiés par une approche scientifique, des arguments objectifs, non plus sur un bon sens subjectif. Une fois intégré aux pratiques des collaborateurs, le score ACV peut devenir un critère de choix, voire même un objectif défini par l’entreprise, au même titre que le coût de revient.

Un appui à la prise de décision tactique

Poursuivons cette analogie financière… L’ACV est en quelque sorte une comptabilité de l’impact environnemental d’un produit. Une fois projetée sur des volumes de ventes par produit, elle permet de visualiser l’impact du portefeuille produit de l’entreprise. Ceci tant de façon réactive (ventes annuelles réalisées), que de façon prospective (projection de ventes). Cette vision portefeuille doit permettre d’identifier les causes premières de l’impact environnemental de l’entreprise, afin d’y remédier sur un modèle de Pareto. Ainsi, il conviendra de décomposer cette vision portefeuille par :

  • Typologie de produit
  • Site de fabrication
  • Composantes du produit (ex : impact environnemental d’un stylo versus l’encre qu’il contient)
  • Phases de vie (ex : impact environnemental de l’approvisionnement versus la fin de vie)
  • Fournisseur

En effet, cela permet de prioriser les actions à fort impact. Il s’agit donc d’un bon point de départ à un pilotage “e-budgétaire” où chaque département doit devenir responsable de ses objectifs et de leur atteinte.

Une inspiration pour les décisions stratégiques

En interne, ce pilotage e-budgétaire permet aux directions de prendre des orientations stratégiques majeures. Par exemple, la refonte de leur chaîne logistique, l’interdiction de certaines matières ou encore la mise en place de partenariats de recherche.

En externe, l’ACV peut servir de base à l’affichage environnemental. Cela permet d’anticiper les réglementations, mais également de répondre aux attentes des consommateurs, dont 62% intègrent la RSE dans leurs critères d’achat (étude L’ObSoCo 2021).

Au-delà de sa vocation d’aide à l’éco-conception, l’ACV représente donc un véritable atout concurrentiel.

Quelles bonnes pratiques pour implémenter l’ACV dans nos pratiques et outils

Pour finir, voici quelques clés pour mener à bien l’intégration de l’ACV en entreprise :

  • Anticiper la collecte de la donnée
    Le calcul ACV repose sur des données précises (poids des matériaux, nomenclature produit, pays d’origine des matériaux etc). Cela nécessite, en amont, de réaliser l’inventaire des données disponibles dans vos systèmes, et d’évaluer leur qualité. Un interfaçage est ensuite à prévoir avec les systèmes existants et futurs, ou directement avec les outils de vos partenaires.
  • Appréhender la granularité de la donnée
    En fonction du cas d’utilisation de l’ACV, le calcul peut être plus ou moins précis. Réaliser un choix de conception nécessite par exemple une vision comparative simple en ordre de grandeur. Mais communiquer la performance environnementale d’une ligne de produit demande un score précis et auditable. Il est donc intéressant d’associer à chaque cas d’usage de l’ACV la précision attendue, et le niveau d’effort correspondant.
  • Communiquer à la fois en interne ou en externe
    Afin d’intégrer de façon progressive cette nouvelle mesure, il est utile de vulgariser le score. On peut lui associer des équivalents tangibles, le transposer à une note sur 10, un code couleur… C’est d’ailleurs l’ambition de la notation environnementale. Par ailleurs, il peut être pertinent dans un premier temps, de sélectionner un ou deux parmi les 16 indicateurs du score ACV, et de se fixer des objectifs d’amélioration sur ceux-ci, avant de raisonner sur le score unique.

Ce qu’il faut retenir

Finalement, l’ACV est la mesure la plus exhaustive de l’impact environnemental d’une entreprise : selon la méthode PEF, elle englobe le bilan carbone, ainsi que 15 autres indicateurs d’impact définis par la Commission Européenne. Si aucune réglementation n’est figée à date, une transition vers de nouveaux modes de conception, production, transport, distribution, est nécessaire pour répondre aux attentes des clients, des actionnaires et collaborateurs. L’ACV permet d’appuyer cette ambition, notamment selon une logique d’amélioration continue de l’éco-conception des produits. Basée sur des fondements scientifiques et auditable, elle peut servir à la communication environnementale aussi bien en interne

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Laure-Anh
Consultante confirmée