Pour une gestion des stocks durable, penser système avant solution

Un constat : des approches souvent trop fragmentées
Trop souvent, les projets d’optimisation de stocks se limitent à la mise en place d’un outil (APS, MRP, WMS…) ou une mise à jour de paramètres. Et trop souvent, ces projets déçoivent. Pourquoi ? Parce qu’ils s’attaquent aux symptômes sans traiter les causes structurelles.
Dans nos missions, nous constatons que les difficultés rencontrées relèvent rarement d’un seul facteur isolé. Elles viennent souvent d’un désalignement entre :
- des données imprécises ou silotées ;
- des processus mal formalisés ou peu respectés ;
- des outils sous-utilisés ou mal intégrés ;
- des équipes peu formées ou mal coordonnées.
Notre conviction : la performance vient de la cohérence, pas de la sophistication
Une bonne gestion des stocks n’est pas nécessairement une question de technologie de pointe ou de KPI dernier cri. Elle dépend de la cohérence entre les briques du système.
Avant de chercher le “dernier cri”, il faut s’assurer que tout fonctionne ensemble.
Les données
Fiabilité, complétude, structuration : la donnée est le carburant du pilotage. Trop d’entreprises pilotent encore avec des historiques incomplets ou des bases articles obsolètes. Nettoyer, documenter et gouverner la donnée est un prérequis.
Les outils
Un bon outil ne compense pas un mauvais processus. On croise souvent des solutions puissantes… contournées au quotidien parce qu’elles ne collent pas aux pratiques terrain. L’outil doit servir le métier, pas l’inverse.
Un processus
Un processus efficace n’est pas un schéma dans un classeur : c’est une routine vivante. Il doit être compris, appliqué, ajusté aux réalités du flux. Sans rituels, sans alignement entre planification, production et achats, la mécanique se grippe vite.
Les compétences
C’est le levier le plus souvent sous-estimé. Former, responsabiliser, donner des marges de décision : c’est ce qui rend les gains durables.
Cas concret : quand tout fonctionne ensemble
Sur un site pharmaceutique en forte croissance, un projet de refonte a permis de stabiliser la planification et d’améliorer la disponibilité des matières critiques. Pas de révolution technologique, mais :
- une remise à plat des données de base et une vraie gouvernance des master data,
- un processus S&OP simple, rythmé et compris,
- un parcours de formation supply chain adapté au terrain,
- et une clarification des rôles entre planificateurs et production.
L’élément différenciateur ? La capacité à articuler données, outils, processus et compétences dans une même trajectoire, avec l’adhésion de toutes les fonctions clés de l’organisation.
Ce qu’il faut retenir
Avant de lancer un nouvel outil ou de revoir vos indicateurs, prenez un pas de recul :
- Les données sont-elles suffisamment fiables pour soutenir vos décisions ?
- Les processus sont-ils réellement appliqués, compris et adaptés au terrain ?
- Les équipes ont-elles les compétences et l’autonomie nécessaires pour piloter efficacement ?
- Les outils existants sont-ils exploités à leur juste valeur, ou contournés faute d’adhésion ?
Ce n’est pas la sophistication des solutions qui fait la performance, mais leur alignement.
Pour aller plus loin :
- Expertise – Performance des approvisionnements
- Tribune – Stocks et approvisionnements : du centre de coût au levier stratégique
Cécile