Excellence opérationnelle en distribution : quand la donnée, la tech et l’humain se rencontrentretour sur notre table ronde avec YOOBIC, TimeSkipper et Elemate

À l’heure où le retail doit faire face à des organisations toujours plus complexes, à la pression sur les coûts et à des clients exigeants en matière de réactivité et de personnalisation, l’excellence opérationnelle n’est plus un luxe : c’est une condition de survie.

Pour cette 15ᵉ édition des Findle Innovation Night, nous avons consacré notre table ronde à l’excellence opérationnelle en distribution, avec un focus particulier sur les enjeux terrain et magasins. Autour de la table :

De « faire plus avec moins » à « faire mieux avec sens »

Pendant longtemps, l’excellence opérationnelle, c’était surtout : gagner en efficacité, réduire les coûts, optimiser les organisations. Un sujet très marqué par l’industrie, où la performance se mesurait essentiellement à la cadence et à la productivité.

Aujourd’hui, le contexte a profondément changé : les organisations sont plus complexes et décentralisées, les équipes terrain demandent de l’autonomie & du sens, les clients attendent réactivité & personnalisation.

La performance ne peut donc plus se lire uniquement dans des indicateurs de process. Elle se mesure aussi à la capacité de l’entreprise à donner du sens à l’action collective. On ne peut plus se contenter de faire plus avec moins, il faut désormais faire mieux avec sens. Nous entrons ainsi dans une ère de l’excellence augmentée :

Trois défis majeurs pour les distributeurs

En accompagnant ses clients, Findle a identifié trois grands défis récurrents autour de l’excellence opérationnelle :

Les trois solutions invitées adressent chacune un pan de cette équation : YOOBIC pour l’exécution et l’engagement terrain, Timeskipper pour l’allocation fine des ressources, Elemate pour la clarté et la gouvernance des processus.

Les grandes questions abordées

Maturité opérationnelle : à quel point les entreprises mesurent-elles vraiment l’ampleur de leurs problèmes opérationnels ?

Lorsqu’elles sollicitent ces solutions, les entreprises ont généralement bien identifié la nature de leur enjeu (productivité, planification, clarté organisationnelle), mais pas toujours son ampleur.

Chez TimeSkipper, la mise en place de la solution agit souvent comme un révélateur brutal : la transparence sur la charge de travail et la répartition des tâches met en lumière des déséquilibres et des dysfonctionnements. Geoffroy parle même parfois d’« antivente » tant les résultats peuvent bousculer l’existant.

YOOBIC arrive souvent après un constat de décalage fort entre ce qui est décidé au siège et ce qui se passe réellement en magasin. Jean-Charles cite le cas d’un lancement de gamme cosmétique à plusieurs millions d’euros : produit absent du linéaire, équipes non formées, expérience client inexistante. La visite de magasin agit comme un miroir sans filtre et l’enjeu devient alors de quantifier l’impact pour dimensionner la réponse.

Avec Elemate, enfin, la simple cartographie des processus révèle souvent une jungle de documents, de formats et de pratiques implicites : mettre tout cela à plat expose le niveau de maturité opérationnelle et ouvre des discussions structurantes sur la gouvernance. À chaque fois, la même logique : les solutions ne se contentent pas de régler un problème, elles rendent visible le niveau de maturité opérationnelle – parfois au prix d’un vrai choc culturel.

Comment faire vivre ces solutions dans un écosystème IT déjà saturé ?

Dans des SI souvent empilées et hétérogènes, l’enjeu est d’apporter de la valeur sans ajouter une couche de complexité.

Chez YOOBIC, le premier niveau consiste à se connecter au SIRH et à la base magasins, puis à laisser les équipes créer campagnes et missions dans la plateforme. Ensuite, la solution se branche aux autres briques (BI, CRM, ERP, data warehouse) pour exploiter les données et alimenter des scénarios automatisés : détection d’anomalies sur ventes ou stocks, déclenchement de tâches, recommandations pour les magasins. L’enjeu n’est pas seulement technique, mais bien de transformer cet écosystème IT en générateur de recommandations utiles.

Un autre enjeu concerne la qualité des données dont TimeSkipper dépend : informations RH (présence, horaires), approvisionnement, commandes e‑commerce, caisse… La difficulté n’est pas tant de s’interfacer techniquement que de garantir des données fiables et bien structurées, sans quoi la simulation de charge et les plannings optimisés perdent en pertinence.

Elemate se situe aujourd’hui davantage comme couche de structuration que comme brique intégrée à tout le SI : la priorité est d’offrir un outil simple pour créer et maintenir un référentiel de processus cohérent. Les connexions à des drives, à des outils métier, ou l’exploitation de documents non structurés via l’IA font partie d’une roadmap progressive, mais le gain immédiat vient déjà de la centralisation et de l’harmonisation de l’information.

IA vs humain : où placer le curseur ?

Interrogés sur l’équilibre entre intelligence humaine et intelligence artificielle, les trois intervenants convergent : l’IA doit rester une aide à la décision, pas un substitut.

TimeSkipper utilise l’IA pour affiner la prévision de charge (temps de conseil, flux clients, saisonnalité), mais refuse d’automatiser complètement les plannings : un algorithme ne sait pas tout des contraintes physiques, des compétences ou de la dynamique d’équipe. Le dernier mot doit rester au manager.

YOOBIC a déployé un chatbot interne qui répond aux questions métier des collaborateurs, et un « store copilote » qui combine ventes, stocks et données de conformité pour suggérer des actions prioritaires aux magasins. Mais, comme le rappelle Jean-Charles, ces recommandations ne remplacent jamais le jugement des équipes terrain.

Chez Elemate, l’IA sert à capter et structurer plus vite la connaissance (synthèse d’entretiens, génération de premiers schémas). La vraie valeur vient ensuite du dialogue que ces représentations rendent possible entre métiers, qualité et IT. Dans tous les cas, l’IA est là pour désencombrer les équipes, pas pour décider à leur place : coach, copilote, accélérateur, à condition de conserver une gouvernance et une responsabilité humaines claires.

Embarquer les équipes et gérer les résistances

Derrière la technologie, ce sont surtout les habitudes de travail qu’il faut faire évoluer.

Avec TimeSkipper, la transparence sur la charge réelle bouscule des équilibres parfois anciens, notamment dans les magasins indépendants. Voir noir sur blanc qui est surchargé, qui a des marges de manœuvre ou quelles tâches sont mal priorisées impose un vrai courage managérial. Le succès repose sur un sponsoring clair qui présente l’outil comme un moyen d’aider les managers, pas de les contrôler.

 Elemate réduit la résistance en proposant une expérience très proche des usages B2C : vues type Excel, drag & drop, différents « langages » possibles (SIPOC, BPMN, listes) et une approche incrémentale qui permet de commencer par un besoin concret (audit, projet, clarification des rôles). Progressivement, le sujet « processus » passe du statut de contrainte à celui de support de discussion.

Du côté de YOOBIC, la bataille se joue à la fois sur le projet et le produit : clarifier les bénéfices pour chaque population (siège, région, magasin), identifier des ambassadeurs, séquencer le changement (donner du sens, former, puis transformer les pratiques), tout en proposant une app aussi simple à utiliser qu’un réseau social. Le fait de combiner communication, formation et exécution dans un même outil simplifie fortement le change management.

Tous s’accordent sur un point : l’adoption n’est jamais qu’une question de technologie. Sans pédagogie, sans relais managériaux, sans bénéfices clairement perçus pour le terrain, même la meilleure solution restera sous-utilisée.

Demain : à quoi ressemblera l’excellence opérationnelle en distribution ?

En se projetant à quelques années, les intervenants dessinent une excellence opérationnelle plus data-driven, mais aussi plus proche du terrain.

Pour TimeSkipper, l’abondance de données et la généralisation de copilotes digitaux (à l’image des initiatives de Walmart) permettront une gestion plus temps réel et une meilleure capacité à absorber les aléas. La vraie question sera de savoir si cette puissance servira à redonner du pouvoir aux équipes locales ou à renforcer un pilotage trop prescriptif.

Elemate anticipe une démocratisation d’expertises aujourd’hui concentrées dans les fonctions support : grâce à l’IA, analyses et cartographies pourront être produites et exploitées au plus près du terrain, tandis que les équipes centrales se recentreront sur la coordination et l’accompagnement du changement.

Pour YOOBIC, les distributeurs gagnants seront ceux qui sauront absorber ces nouvelles technologies tout en gardant des modèles simples, lean et lisibles pour les équipes magasin : moins d’armées d’analystes, plus de décideurs opérationnels outillés, et des outils qui restent clairs malgré la sophistication croissante de la donnée.

Vers une excellence opérationnelle vraiment augmentée

Au fil des échanges, une conviction commune s’est dessinée : l’excellence opérationnelle ne se résume plus à des gains de productivité. Elle repose sur la capacité à exécuter la stratégie au plus près du client, à allouer justement les ressources et à rendre intelligibles et vivants les processus pour tous.

YOOBIC, Timeskipper et Elemate montrent qu’il est possible de marier performance et sens, technologie et humain, données et terrain – à condition d’accepter la transparence, de soigner l’accompagnement et de garder un principe simple en tête : l’excellence opérationnelle n’a de valeur que si elle se voit… dans les magasins, dans les équipes, et dans l’expérience client réelle.

C’est précisément dans cet esprit que Findle continue d’animer cet écosystème d’innovations et d’accompagner ses clients : en mettant autour de la table start-ups, experts et retailers pour co‑construire l’excellence opérationnelle de demain.

Découvrez l’intégralité du replay de cette table ronde :

Découvrir les précédentes Findle Innovation Night :

MaloMalo
1 décembre 2025